Le béret, chez Gérard

Il y a des blogs où je pourrais prendre presque chaque jour une photo... celui de Gérard en fait partie.

Ne soyez pas jaloux, c'est inutile. Telle un papillon, je butine ici et là, un peu au petit bonheur la chance.

Il arrive que je ne puisse pas mettre tout de suite, sur papier, dans mon petit carnet, ou ici, dans ce "cahier à spirales" virtuel, ce que j'ai ressenti.

Il arrive que les mots se refusent ensuite, que la photo reste dans mes archives, attendant patiemment que je la redécouvre.

Mais vous êtes tous là lorsque j'écris.


Je pourrais ne rien dire, tout garder, décider que ces textes n'en valent pas la peine, que ce ne sont que quelques mots - des pensées - déposés là juste pour ne pas les oublier.

Mais si je le faisais, j'aurais l'impression de trahir ceux qui en sont à l'origine.

Si vous n'étiez pas là, les aurais-je seulement écrits ? Aurais-je même imaginé ces mots qui sont les miens si l'image est à vous ?

Aujourd'hui, en passant chez Gérard, j'ai trouvé cette image.
Elle m'attendait (comme d'autres de lui qui sont dans mes tiroirs), mais, elle était plus exigeante. Elle m'a dit : "C'est tout de suite ou rien, tu n'auras qu'à me laisser là si tu ne veux pas obéir !"

Obéir ?

J'ai eu envie de lui rétorquer que je ne me laissais pas mener par le bout du nez. Que ce n'était pas la peine d'être si capricieuse et que, moi, les caprices, ça ne me plaisait pas du tout.

Mais... alors que j'allais refermer la fenêtre après avoir laissé quelques mots un peu "plats" (ce n'est pas facile de trouver chaque jour un compliment qui n'ait pas l'air juste de politesse...), j'ai hésité.

La photo se taisait. Elle me regardait avec ce petit air tranquille de ceux qui savent bien qu'ils ont déjà gagné mais ne veulent pas le montrer, pour ne pas faire de la peine, peut-être.

Je l'ai prise, je l'ai mise en tout petit, pour que vous puissiez la voir en grand chez son auteur, comme toujours.

J'ai rendu à Gérard la paternité de son image.

La voici...

"Tissu...", chez Photoplap

Le Lutin bleu m'a dit : "Regarde ! J'aime bien son béret !"

Et je l'ai regardé. Je savais pourquoi il l'aimait, lui qui est si souvent partagé, et qui a tant besoin du Lutin Vert pour se sentir tout entier.

Je les imaginais tous deux arborant la même coiffure, ce couvre-chef qui s'harmoniserait si bien avec leurs vêtements, bleus pour le premier, verts pour le second.

Mais que seraient mes Lutins sans leur houppelande à capuche ?... sans leur bonnet pointu ?

Je me suis mise à rire et mon petit Lutin Bleu, qui est si sage habituellement, a cru que je me moquais de lui.

Je l'ai pris tout contre moi et je lui ai raconté - oui moi, pour une fois - une histoire...

Ne sois pas triste... il ne faut pas.
Écoute ! Tu vois ? Il sont deux sur la photo...

- Deux ? Tu dis n'importe quoi ! Il n'y a qu'elle, avec son drôle de chapeau, son écharpe, et son manteau...

Oui, et aussi son sac en bandoulière qui me dit que c'est bien Elle et non pas Lui !

Mais elle n'est pas seule, là, tu ne vois pas ?

- ...

Il y a Lui aussi. Lui qui la regarde, qui l'observe, qui voudrait qu'elle tourne la tête vers lui, qu'elle lève un peu les yeux qu'elle sache...

- Qu'elle sache quoi ?

Qu'elle n'est pas seule, qu'il est là, qu'il n'est pas en retard, qu'il s'est seulement trompé de chemin.

- C'est vrai que ça peut arriver.

Elle l'attend sur le chemin qui longe la rivière, assise sur son banc... et Lui, il est là-haut, sur le chemin qui passe par le pont. Il va devoir descendre, mais, pour cela, il faudra qu'il fasse encore un nouveau détour.

- Il sera en retard.

Oui, une fois de plus. Elle le regardera peut-être avec ce mélange de peine et d'inquiétude soulagée qui l'intrigue toujours autant.

Pourquoi s'inquiéter pour lui ? N'est-il plus pour elle l'invincible, le chevalier qu'elle attendait depuis la nuit des temps ?

Il ne peut rien lui arriver !

- Le temps seul le dira. Mais Aimer, n'est-ce pas aussi - souvent - se faire du souci ?

Lui te répondrait qu'elle n'a peut-être plus assez confiance...

- La confiance... empêche-t-elle ces moments d'inquiétude ?

Je ne sais pas... Mais j'espère qu'il ne va pas tarder à la rejoindre. Elle oubliera son attente, ses soucis, quand il la prendra dans ses bras.



...

Passez une belle journée.

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