Leçon de calcul, avec Claudine

"Un, deux, trois."… répétez après moi !

"Un", répéta le premier.
"Deux", ajouta le second.
"Douze !", termina le troisième, fier de savoir qu’avec un et deux on pouvait écrire douze.

Mais non ! Ce n'est pas ce que je demande ! Même si je sais que tu étais capable aussi de répondre vingt-et-un !
"Un, deux, trois."… répétez après moi, dans l’ordre !

Le maître interrogea le troisième en premier, qui s’exécuta de bonne grâce.

"Un"…
"Deux", souffla le second, toujours prêt à se faire bien voir.
"Dix !", fanfaronna le premier, qui savait bien qu’en changeant de base, il aurait raison.

Mais non !
C’est important dans la vie de savoir compter !

Ah oui ? Faut-il rester en base dix ? Ce n’est pas rigolo !

On ne peut pas rire de tout, toujours et tout le temps.
"Un, deux, trois."... répétez après moi !

Des visiteurs impromptus passèrent en cancanant. Le bruit couvrit les rires de ces enfants moqueurs.

"Un, deux, trois."... répétez après moi ! Ce n’est pas si difficile !

"Un canard dans l’étang"… commença le premier sans se démonter
"Deux canards dans l’étang"… continua le second. Il entrait dans le jeu en se disant qu’il ne serait pas seul à se faire punir.
Mais où est le troisième ?, termina le dernier. Il en manque un ! Le loup l’a-t-il enfin mangé ?

Photo de Claudine

Nous ne sommes pas dans une fable, ni dans un conte ! Pierre ne viendra pas vous sauver si le loup venait à passer !
Il est important de savoir vous compter…

Nous ? Pourquoi ? Nous savons bien que nous sommes trois, comme les trois mousquetaires, comme les trois ours, comme les trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs !

Alors ! Il suffit de répéter après moi, comme il faut… Ou sinon, gare à vous ! Votre père arrive et il saura bien vous faire obéir !

"Un papa", dit le premier, docile
"Deux papas" Deux papas ?... Mais il n’y en a qu’un !
Et moi ? Dit le troisième … Trois mamans ?

Décidément, la leçon de calcul n’aboutissait à rien.
"J’abandonne !", hurla le maître en claquant du bec.

"Un au-revoir", dit le troisième, compatissant.
"Deux bisous", ajouta le second, toujours compréhensif et tendre.
"Trois petits cygnes dans l’étang", chantonna le premier en essayant de s’envoler.

Mais le papa, le rattrapa et les tança vertement en cachant le mieux possible sa fierté d’avoir trois enfants aussi savants.

Vous êtes impossibles ! Vous n’apprendrez donc jamais à respecter le maître ?

Si, papa, dirent les trois, en même temps. Mais pourquoi ne compter que jusqu’à trois ? Tout est possible dans la vie. Nous avons même trouvé près d'ici une jolie marguerite... Nous avons compté ses pétales, sans l'abîmer, sans l'effeuiller, elle était trop belle pour ne pas vivre plus longtemps !

Et alors ?

Alors ? Le maître veut que nous ne comptions que jusqu'à trois... Comment aurions-nous pu savoir que cette marguerite-là avait cent trois pétales ?

Cent trois ?

Oui, cent trois ! Pas un de plus, pas un de moins !

© Quichottine, 21 juillet 2013.

Merci à Claudine (Canelle56) pour son image... et merci aux cent-trois auteurs de La Marguerite des possibles, auteurs que vous pouvez découvrir peu à peu sur le blog des Anthologies éphémères.

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